- LÉGIONNAIRES (MALADIE DES)
- LÉGIONNAIRES (MALADIE DES)LÉGIONNAIRES MALADIE DESLors du congrès de l’American Legion qui se tenait en 1976 à Philadelphie, on constata parmi les participants un nombre anormalement élevé de maladies respiratoires fébriles, suivies d’une mortalité inhabituelle dans ce type d’affections, puisque les enquêteurs du Center for disease control (C.D.C.) d’Atlanta, envoyés sur place, ont dénombré 182 cas de pneumonie, dont 32 cas mortels. Le seul lien existant entre tous ces malades était un séjour plus ou moins long dans le même hôtel, entre le 15 juillet et le 8 août 1976.Tour à tour furent évoqués une intoxication alimentaire, un virus inconnu, un champignon, pour expliquer cette épidémie jamais rencontrée auparavant. Finalement, il fallut près d’un an pour découvrir l’agent responsable: une bactérie, jusque-là inconnue.Dès que l’agent étiologique eut été trouvé, des enquêtes sérologiques rétrospectives permirent d’élucider des épidémies analogues survenues en 1965 et 1968 aux États-Unis, et en 1973 en Écosse. Depuis lors, quarante États des États-Unis ont été touchés par cette bactérie, ainsi que l’Angleterre, l’Espagne, les Pays-Bas, le Canada, la Suède et l’Australie. Il semble bien que ce soient les difficultés techniques rencontrées pour l’isolement du germe qui empêchent de reconnaître la véritable dimension de l’aire d’extension de ce microbe.C’est un bacille polymorphe Gram négatif, qui se présente à l’isolement soit sous forme de coccobacilles, soit de bâtonnets, dont la largeur varie de 0,3 à 0,4 micron et la longueur de 3 à 30 microns. Son métabolisme est aérobie strict, et sa croissance nécessite des facteurs particuliers (cystéine notamment) qui ont rendu son isolement difficile.L’étude des antigènes de cette bactérie a montré l’existence de plusieurs sérotypes (quatre à ce jour). Ces différents sérotypes ne semblent pas avoir le même pouvoir pathogène pour l’homme, certains provoquant des formes grippales peu dangereuses, d’autres des pneumonies pouvant être fatales pour l’homme.Sa croissance est lente, elle nécessite une atmosphère enrichie en C2 (10 p. 100), et les colonies n’apparaissent qu’au bout de trois à quatre jours d’incubation. Rapidement alors se développe une pigmentation brunâtre qui diffuse dans le milieu de culture.Le nom de Legionnella pneumophilia a été proposé pour cette bactérie. Parce que mystérieuse (l’agent causal n’ayant pas été tout de suite isolé) et d’évolution fatale dans 20 p. 100 des cas de la première épidémie étudiée, cette maladie fut d’abord considérée comme la peste du XXe siècle . En fait, il existe au moins deux sortes de manifestations cliniques.La forme bénigne se caractérise par un syndrome grippal avec fièvre, myalgie, nausées et maux de tête. L’évolution se fait spontanément vers la guérison sans jamais aller vers la pneumonie et rarement vers des manifestations pulmonaires.Quant à la forme grave, elle est de type pneumonique.Les premiers signes de la maladie apparaissent deux à dix jours après la contagion sous forme de nausées, de myalgies et de maux de tête. La période d’état se déclare en vingt-quatre heures par la toux et la fièvre, accompagnée de frissons. Rapidement la température centrale atteint de 39 0C à 41 0C. Le malade se plaint de douleurs thoraciques et parfois abdominales. L’examen clinique montre une brachycardie et des râles pulmonaires. L’examen biologique révèle une leucocytose modérée, une hyponatrémie, une azotémie et une vitesse de sédimentation augmentée, ces signes étant soit uniques, soit associés. La radiographie pulmonaire montre un infiltrat interstitiel diffus qui évolue ensuite vers des foyers de condensation étendus. L’évolution de la maladie suit alors l’alternative suivante: soit survient un syndrome de choc avec collapsus accompagné d’hémorragies digestives et d’une insuffisance rénale aiguë, soit survient la rémission, avec un retour à la normale de la température et des images radiologiques en sept à dix jours.La bactérie possède une 廓-lactamase qui la rend naturellement résistante à la pénicilline et aux céphalosporines. In vitro, elle est sensible à de nombreux antibiotiques, mais, in vivo, il semble que seules l’érythromycine et la rifampicine soient actives.Seuls les diagnostics clinique et thérapeutique peuvent être posés dans les formes aiguës de la maladie. Le diagnostic sérologique n’est utilisable que vers le sixième jour de la maladie, époque à laquelle les anticorps apparaissent pour culminer vers la cinquième semaine. L’immunofluorescence est utilisée tant pour le diagnostic sérologique que pour la recherche de la bactérie dans les exsudats bronchiques et dans les pièces anatomiques lors d’autopsies. Le diagnostic bactériologique se fait par inoculation aux cobayes et sur des milieux de culture de la biopsie pulmonaire.Le mode de transmission de la maladie semble être la voie aérienne, par l’intermédiaire des appareils climatiseurs; beaucoup d’indices concordent, à savoir l’existence de cette bactérie dans l’eau douce et les colonnes d’évaporation des appareils à conditionner l’air, l’absence de contagion interhumaine et enfin la saison de morbidité (pic estival).Enfin, la nature même de la bactérie responsable de la «maladie des légionnaires», qui ne s’apparente à aucune bactérie connue pathogène pour l’homme, laisse supposer que ce germe provient de l’environnement naturel de l’homme.
Encyclopédie Universelle. 2012.